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Éditorial n° 39

Avec la troisième consultation d’autodétermination de la Nouvelle-Calédonie le 12 décembre 2021, l’Accord de Nouméa est arrivé à son terme. Cependant, celui-ci reste en vigueur tant qu’il ne sera pas remplacé par un nouvel accord, un nouveau statut, vraisemblablement jusqu’à juin 2023. Rendre compte d’une telle actualité est manifestement incontournable et la Revue ne pouvait se permettre de ne pas être à ce rendez-vous. 

Cependant pour être présent à un tel événement, le nerf de la guerre doit être pris en considération : l’argent, bien fongible qui manque cruellement aujourd’hui à notre association. Néanmoins optimistes et malgré les incertitudes quant aux versements de nos subventions par les différentes institutions, nous avons quand même décidé d’aller de l’avant : nous proposons aux Calédoniens et aux autres diverses analyses afin d’éclairer au maximum leur réflexion pour aborder l’avenir institutionnel et leur avenir global. Pour tous les lecteurs, les divers articles qui traitent de cette consultation leur permettent d’affiner leur perception de ce territoire antipodique. Nous ne pouvons imaginer que notre Revue puisse disparaître par manque de soutiens financiers. Il est vrai que quelques signes positifs nous rassurent quant à une aide financière qui ne saurait tarder. C’est aussi l’occasion de mentionner dans le cadre du mécénat une aide de Prony Resources.

En proposant à différents auteurs une analyse très large, allant au-delà de la seule Calédonie, cette démarche a permis une approche touchant au plan national, voire international avec l’axe indopacifique. Ce dossier sur l’analyse de la troisième consultation est particulièrement équilibré. Nous avons la même proportion d’intervenants entre les politiques, les universitaires et la « société civile ». Cet équilibre procure une lecture bien charpentée puisque tous les points de vue sont exposés ; ceux en faveur de l’indépendance comme ceux en faveur du maintien de la Nouvelle-Calédonie dans la France. 

Pour ce qui concerne la doctrine, des articles en relation avec les conséquences de cette troisième consultation, notamment sur la pertinence de l’axe indopacifique qui prend une ampleur certaine avec le maintien de la présence française dans ce continent liquide qu’est le Pacifique.

La rubrique « portrait » nous permet de brosser non seulement la carrière d’Yves Dassonville, haut-commissaire de la République en Nouvelle-Calédonie mais aussi ses qualités humaines et son sens de la République, un grand serviteur de l’État décédé en juin 2021. On ne peut donc oublier en Nouvelle-Calédonie ce trés grand haut-commissaire de la République qu’a été M. Dassonville. Qu’on permette au signataire de ces lignes d’évoquer avec émotion l’échange si enrichissant qu’il avait eu avec lui lors de sa soutenance de thèse de doctorat en droit public à l’Université d’Aix-Marseille en 2011. Il avait bien voulu siéger dans le jury de cette thèse soutenue sur le sujet « La bipolarisation politique de la Nouvelle-Calédonie depuis 1975 ».

Quant aux autres rubriques, elles permettent un indispensable éclairage sur des aspects sociétaux de la vie calédonienne, ne serait-ce que celle abordant le droit coutumier, la documentation qui rend compte de points de vue souvent opposés, la bibliographie qui permet de souligner l’excellence de la publication calédonienne et la jurisprudence administrative toujours aussi intéressante.

Les temps présents rendent particulièrement importants le pluralisme de cette Revue semestrielle et que plus que jamais « les opinions émises par les auteurs n’engagent qu’eux » dans leur diversité…

Par ailleurs, c’est avec consternation que nous avons, à la Revue juridique, politique et économique de Nouvelle-Calédonie, appris le décès de Roger Mathivet. Il a été secrétaire général de la Revue de 2011 à 2014 avec une très réelle efficacité, avec un grand soin technique et éthique. Sa gentillesse et sa courtoisie étaient extrêmes. C’était vraiment un « honnête homme ». Il nous manque.

Nous mettons à nouveau en ligne (https://rjpenc.nc/index.php/fr) gratuitement à la disposition de tout un chacun, une thèse en droit de l’environnement intitulée « Rapprocher le droit de l’environnement et la réalité en Nouvelle-Calédonie » soutenue par Sylvine Aupetit.

J’invite tous les lecteurs à s’intéresser à ce numéro pour affiner leur connaissance de cette Nouvelle-Calédonie si particulière et de prendre conscience de l’importance qu’elle pourrait acquérir dans le futur.

Robert Bertram,
Directeur de la RJPENC