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Éditorial n° 41Que la Nouvelle-Calédonie soit traversée par des courants politiques contradictoires, que la procrastination soit un comportement politique courant, n’empêchent nullement cette terre de contrastes d’être à l’écart du dérèglement climatique qui désoriente globalement l’ensemble des nations. Si localement les Calédoniens subissent les aléas météorologiques sans vraiment se soucier des conséquences à très long terme, ils ne mesurent pas toujours, encore, les immenses répercussions et séquelles des changements climatiques qui affecteront l’ensemble des terres émergées, Nouvelle-Calédonie comprise. S’il faut reconnaître globalement que le fait climatique est difficile à cerner, il suffit tout simplement de visualiser en couverture de ce numéro la photo du Ministre Affaires étrangères de Tuvalu pour se rendre compte de l’ampleur de la catastrophe annoncée. Notre Revue juridique, politique et économique de Nouvelle-Calédonie s’inscrit dans son temps et consacre le dossier de ce numéro au dérèglement climatique. Elle le fait, par la contribution de multiples et très divers auteurs, en abordant les différentes facettes permettant de mieux appréhender les problématiques sociétales qui en découlent. Les décideurs doivent très sérieusement s’adapter aux lourdes conséquences qui se profilent à un horizon relativement proche à l’échelle humaine. Que ce soit sur le plan mondial, zonal ou local, les conséquences seront pour certains territoires catastrophiques. À ce titre, les acteurs politiques du monde contemporain prennent conscience du fait que ce phénomène est irréversible et qu’il convient de prendre toutes les dispositions nécessaires pour le freiner. Pour ce qui concerne le bassin du Pacifique Sud, la Nouvelle-Calédonie doit prévoir et prendre en compte cette perturbation planétaire. Il lui faut penser différemment les enjeux de l’aménagement de son territoire, les enjeux environnementaux, économiques et sécuritaires… Les contributeurs à ce dossier, qu’ils soient politiques ou scientifiques témoignent de leurs expériences et de leurs savoirs et expliquent à partir de leurs domaines de compétences les actions déjà entreprises ou qui le seront – ou le devront. Notre rubrique de doctrine recouvre des domaines très éclectiques allant de la responsabilité des gestionnaires publics quant aux atteintes à la probité à l’exercice des pratiques coutumières sur la terre au regard de la protection de l’environnement. Elle se penche également sur l’importance de la communication externe d’une autorité administrative indépendante pour aborder un sujet sur le questionnement de la loi de l’offre et de la demande quant à la rupture de stock. Enfin, pour mieux appréhender la culture kanak, nous proposons un développement sur le partage entre jeunes enfants kanak. On lira avec un intérêt particulier une contribution mêlant étroitement faits historiques et évolutions politiques actuelles en suivant les cheminements de la statue du gouverneur Olry à travers les siècles. L’article du professeur Jacqueline Lalouette sur ce sujet est enrichie d’une iconographie remarquable. Notre revue sait aussi mettre en œuvre la pédagogie des illustrations. Pour ce qui concerne les autres chapitres, le droit coutumier kanak recadre et développe par une critique constructive l’application de la coutume kanak. Le portrait qui illustre ce numéro est consacré à l’histoire de l’école publique en traçant la figure d’un enseignant particulièrement iconoclaste, d’une forte et dynamique personnalité qui durant toute sa vie fut consacrée à l’enseignement public : Frédéric Surleau. Et notre bibliographie, indispensable pour être au fait des principales publications intéressant la Nouvelle-Calédonie, nous renvoie notamment aujourd’hui à un ouvrage fondamental que publie Christiane Terrier sur le sujet essentiel de l’école et son histoire en Nouvelle-Calédonie. Quant à notre partie documents, elle est riche compte tenu du contexte politique de la période actuelle de transition, où indépendantistes et non-indépendantistes se toisent avec parfois pour certains des dérapages verbaux très regrettables, où des citoyens luttent pour un dégel du corps électoral, où l’altérité est encore absente de certaines propositions politiques. Encore une information, notre revue présente une importante journée d’études qui se tiendra en juillet à Nouméa sur le thème essentiel : Le régime des autochtones et des populations locales, à l’occasion de la publication des actes du colloque de Cayenne d’octobre 2022 sur ce sujet. Il s’agit de l’étude approfondie tant du droit coutumier des peuples premiers que de l’analyse des populations implantées ensuite, non autochtones mais qui font désormais partie des communautés du pays. Elle se tiendra le 6 juillet au centre culturel Tjibaou. Le programme de ces travaux développeront deux parties : – I. Les communications au colloque de Cayenne relatives à la Nouvelle-Calédonie – II. Quelle place pour le droit coutumier dans le futur statut de la Nouvelle-Calédonie ? Ne manquez pas cette passionnante manifestation ! Enfin, un événement très considérable a marqué en mars 2023 la Nouvelle-Calédonie et l’accès à sa connaissance : la disparition de son quotidien unique, « Les Nouvelles calédoniennes » présent depuis plus d’un demi-siècle. De tous horizons du pays, on est consterné par ce triste événement. Notre publication semestrielle ne peut que saluer son collègue quotidien. Cette amputation est particulièrement ressentie dans notre revue à l’égard d’une de ses rubriques dont Les Nouvelles étaient l’auxiliaire permanent : la Chronologie de la Nouvelle-Calédonie, établie par le directeur de la revue lui-même. Heureusement à cet égard, grâce à la bienveillance et à la vigilance de Madame Brigid Morel, chargée de mission au gouvernement, notre revue bénéficie de son professionnalisme dans son travail de dépouillement et de communication indispensable à cette chronologie qui se maintient au service de nos lecteurs. Toute l’équipe de la Revue vous remercie de votre fidélité et invite tous les lecteurs à s’intéresser à ce numéro pour une meilleure prise de conscience du monde qui nous entoure.
Robert Bertram, |